RÉDUIRE LA FRACTURE NUMÉRIQUE GUYANAISE ET ANTILLAISE

Publié le 05/03/2020

C’est un sujet capital pour la France toute entière mais encore plus pour l'outre-mer, confronté à l’éloignement de la métropole. Deux secrétaires d’Etat se sont rendus en Guyane afin de dresser un état des lieux du déploiement du numérique sur le territoire. 

 

 

PALLIER LES LACUNES MATÉRIELLES

Il est une évidence que le XXIe siècle déjà bien entamé ne cesse de démontrer : le numérique se déploie massivement, aussi bien dans les sphères privées que publiques. L’accès au numérique va de manière croissante de pair avec l’accès aux services publics les plus élémentaires mais aussi avec l’insertion sociale et professionnelle. C’est dans ce contexte que le secrétaire d’État chargé du Numérique, Cédric O, et la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, se sont rendus en Guyane fin février. 

Or, si le numérique permet une dématérialisation des démarches et des échanges, il n’en demeure pas moins que son accès est conditionné à une dotation en matériel adéquat. Dans un territoire comme la Guyane, qui plus est dans les régions les plus éloignées, les problèmes de couverture téléphonique et Internet sont légion. Les deux représentants du gouvernement ont participé lors de leur visite à l’inauguration d’un des quatre pylônes solaires du dispositif TDF (Télédiffusion de France), à Kourou, qui aura pour rôle de couvrir une zone blanche dans les semaines à venir.

La visite d’un atelier de recyclage de l’association Guya Clic’ était également à leur programme. Cette dernière recycle environ 10 tonnes d’ordinateurs par an, en provenance de particuliers, d’entreprises ou encore d’administrations, puis les répare afin d’en faire bénéficier de nombreuses associations, étudiants ou personnes dans le besoin numérique tels que les demandeurs d’emplois. 

 

FAIRE FACE AU MANQUE DE FORMATION DES POPULATIONS

Avoir l’équipement ne fait cependant pas tout, l’illectronisme restant un frein pour de nombreuses populations. Plusieurs facteurs peuvent alimenter cet éloignement du numérique qui concerne environ 450 000 personnes aux Antilles et Guyane. 

Le manque d’outils, l’isolement géographique mais également social ou encore l’âge sont d’autant de facteurs agissant en ce sens. Si les populations les plus âgées sont les plus susceptibles d’être éloignées des usages du numérique, elles ne sont pas les seules. Fait surprenant, de nombreux jeunes sont aussi concernés, nous apprend le secrétaire d’État. Certes, les plus jeunes sont généralement habiles et familiers de l’utilisation des smartphones dans le cadre de leurs loisirs, mais le sont moins pour des usages de la vie courante et souvent peu renseignés sur la manière dont le numérique peut les aider à trouver un emploi, et sur la démarche à suivre. 

Développé au niveau national, le « Pass Numérique » est une réponse à ce défi et continue à être déployé en Guyane. Ce dispositif permet de financer les formations de tous au numérique. Sous la forme de chèques-formation, ce programme est financé à hauteur de 30 millions d’euros par l’État et les collectivités territoriales. 

 

FÉDÉRER LES « ACTEURS DU NUMÉRIQUE DU QUOTIDIEN »

Afin de répondre aux enjeux propres aux Antilles et à la Guyane, un Hub numérique « pour un numérique inclusif » a officiellement été lancé. Les deux secrétaires d’État sont venus assurer leur soutien financier au projet, à hauteur de 350 000 €. Son objectif ? Permettre aux structures locales de répondre aux besoins numériques spécifiques des territoires sur lesquels elles agissent en fédérant les « acteurs numériques du quotidien », tels que présentés par Cédric O. Associations locales, Pôle Emploi ou encore la Collectivité Territoriale de Guyane sont, pour ne citer qu’eux, parties prenantes du projet. 

Preuve d’une forte attente sociale, les associations du Hub Antilles-Guyane n’ont pas attendu le lancement officiel de la structure pour mettre en place leurs actions. L’association Up & Space Martinique a déjà lancé des ateliers destinés aux femmes bénéficiaires du RSA souhaitant trouver un emploi, sur la thématique de l’inclusion numérique. 

Grâce à une visibilité renforcée et un soutien financier, les institutions semblent faire le choix du pragmatisme : laisser le soin aux acteurs locaux d’accompagner les populations les plus éloignées du numérique et réduire un peu plus les handicaps qu’un éloignement social et géographique peut provoquer. 

 

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