L'ÉCONOMIE DES OUTRE-MER : DÉPENDANCE ET SPÉCIFICITÉS
Rencontre avec Franck Krivsky, Directeur technico-commercial chez Profina, responsable de l’équipe chargée du montage des dossiers d’agréments. Expert dans le domaine juridique de la loi Girardin, il décrypte avec nous l’état économique des départements ultra-marins.
UNE SITUATION DE DÉPENDANCE ÉCONOMIQUE
Les économies des territoires ultra-marins sont soumises à un ensemble de contraintes naturelles et historiques qui permettent d’expliquer le retard structurel et la crise que connaissent ces départements. La France d’outre-mer contraste avec la métropole.
L’éloignement et l’insularité, corrélé à la faible densité de population sur de grands territoires, fragilisent ces petits marchés économiques ultra-marins et génèrent des coût d’exploitation plus lourds et de fait une compétitivité plus faible qu’en métropole. De plus, les départements d’outre-mer affichent des taux de chômage extrêmes supérieur à 20% et même 30% à la Réunion pour le département le plus touché, alors que le taux de chômage moyen en métropole avoisine les 10%.
L’ensemble de ces facteurs aggravent le retard structurel des DOM par rapport à la métropole. Cependant, chaque département dispose de spécificités économiques propres et d’une propre historicité.
UNE ÉCONOMIE SOUS PERFUSION
Sur le plan de la rationalité économique, la position insulaire de ces départements aurait dû les inciter à produire directement sur place plutôt qu’à importer. Mais en pratique cela est très différent et ce notamment à cause de l’étroitesse des marchés locaux. La première économie domienne est la Réunion, plus peuplée, elle est le territoire ultra marin le plus prospère grâce au secteur industriel et le développement du tertiaire notamment le tourisme. La Martinique et la Guadeloupe disposent d’une économie plus ou moins semblable à celle de la Réunion. La Guyane, grande comme le Portugal est le plus grand département français mais aussi celui où persistent les plus grandes difficultés sociales. Son économie repose à 40% sur l’industrie spatial ainsi que sur le secteur aurifère et ses ressources halieutiques.
La persistance de ces nombreux déséquilibres économiques impacte immédiatement les conditions de vie des populations en outre-mer où le niveau de vie y demeure globalement inférieur à celui des métropolitains (les PIB des départements d’outre mer sont tous inférieurs à 75% de la moyenne des PIB/hab des habitants de l’Union Européenne).
UNE TRANSITION HISTORIQUE
Le passé esclavagiste et colonial des DOM continue à peser lourdement sur leur développement économique. Il était par exemple interdit aux colonies de commercer avec un pays tiers autre que la métropole. Cette interdiction induit alors une hyperspécialisation de l’économie dans la production de canne, de banane, de coton ou de cacao qui ne peut aujourd’hui plus rivaliser avec la concurrence à coût bien plus bas. Cet héritage colonial « exclusif » est aussi la source d’une faible intégration régionale de la France d’outre-mer avec ses pays voisins.
LA DÉFISCALISATION RÉPONSE AUX DIFFICULTÉS
L’économie ultra-marine est aujourd’hui confrontée à une hypertrophie du secteur tertiaire mais aussi et surtout à un coût très important du matériel et des difficultés d’accès au crédit. Dès lors, la défiscalisation a été mise en place en 1952 afin de compenser les handicaps structurels de l’outre-mer grâce à une aide fiscale à l’investissement. Ce dispositif pour le développement économique des outre-mer permet ainsi une réduction du risque bancaire et permet alors au client d’accéder plus facilement à l’emprunt.
Profina, aujourd’hui leader en matière de défiscalisation Girardin (loi de programme pour l’outre-mer du 21 juillet 2003, dite « loi Girardin ») participe à la stabilité économique des sociétés afin que celles-ci puissent se projet et créer de l’emploi. Via la loi Girardin, Profina finance les différents secteurs en outre-mer : secteur halieutique et agricole, secteur secondaire et le secteur tertiaires notamment les artisans et les TPE.